Chris Forsyth : 291013 : Les Nautes (Paris)

Les programmations souterraines présentent cette capacité étonnante de proposer des lieux inédits pour l’écoute de leurs concerts décalés.

Ainsi, ce mardi, quai des Célestins, coincé entre deux voies de circulation, un restaurant (?) situé en contrebas d’une simili-casemate jouxtant les berges de Seine ouvrait ses portes pour la dernière session des CHAISES ET TABOURETS, collectif spécialement dédié aux guitaristes solos délicats et empruntés.  

Nichés dans une alvéole en renfoncement, les musiciens ont délivré dans la plus simple expression un concert remarquable. 

Tout d’abord, Paul METZGER avec son banjo se rapprochant nettement de ragas indiens, doigts équipés d’un médiator ou nus à même les cordes animés d’une danse toute particulière, une main percutant la caisse.

L’enceinte placée tout en hauteur arrosait l’espace.

Puis Chris FORSYTH débutant par des sonorités proches de celles produites par Ry COODER, puis enchaînant sur des motifs croisant le blues, THE DURUTTI COLUMN, le psychédélisme ( rappel ), ….

Ampli posé au sol crachant le son des notes décochées.

Protection des oreilles par des bouchons pour profiter au mieux car assis juste en face des musiciens dans la position du lotus, inconfort dû à l’exiguïté du lieu et à l’affluence de la soirée 

On en oublie les courbatures du corps maltraité mais empli de telles vibrations

Belle réussite que cette soirée, simple dans tous ses aspects, une volonté de partage, la musique ramenée à ses dimensions essentielles, non démonstratives mais profondes.

Des grands volumes institutionnels aux proportions réduites d’espaces improbables, soit un contraste de situation engendrant des postures assez différentes.

Inutile de révéler laquelle des deux perspectives je trouve la plus favorable au risque de provoquer le rétrécissement et l’entre-soi.

Amusant de balancer de l’une à l’autre et de constater les enjeux qui en découlent !

Où se jouent les transformations, les risques, les possibles ?

Un texte de JJ